Ayant donc quitté le Grand Séminaire fin juin 1967, j'arrive à Maisons-Laffitte le 1er septembre de la même année, comme animateur-stagiaire au Foyer des Apprentis-Lads-Jockeys ... Je voudrais vous présenter ici ces apprentis que j'ai découvert tout au long des années 70, vous présenter leur travail, leur vie de tous les jours, leur Foyer, leurs problèmes, leur avenir... Nous sommes donc en 1967... Maisons-Laffitte, petite cité bourgeoise des Yvelines, 25 000 habitants, à 15 km de Paris, au bord de la Seine... Maisons-Laffitte, ville divisée en deux parties: la ville proprement dite, d'une part, et le Parc, d'autre part... Entre les deux, de jolies grilles, mais qui sont de véritables barrières psychologiques et sociales entre les habitants de la ville et le milieu des courses, qui (à cette époque) a mauvaise réputation... Maisons-Laffitte, célèbre royaume du cheval: 80 écuries de courses... 60 km de pistes d'entraînement... 2 500 chevaux de courses... Maisons-Laffitte, centre d'apprentissage de lads-jockeys... Lads-jockeys ?... La télévision, la radio, les journaux, les turfistes parlent souvent des chevaux, des jockeys, des propriétaires, des entraîneurs... mais jamais des lads ni des apprentis-lads-jockeys... A Maisons-Laffitte, dans les années 70, ils sont plus de 400 apprentis-lads-jockeys de 14-19 ans... Qui sont-ils ?... D'où viennent-ils ?... Que veulent-ils ?... Plutôt que de vous dire que les apprentis sont issus principalement du milieu ouvrier et non du milieu paysan, comme on pourrait le croire, plutôt que de vous dire que les apprentis sont issus de familles nombreuses aux revenus modestes, famille de 4 à 5 enfants en moyenne, plutôt que de vous dire que la majorité des apprentis ont choisi ce métier par amour des animaux, bien sûr, mais aussi sous l'influence des journaux de courses, de la télévision, sous l'influence aussi de la famille qui joue au Tiercé, ou de la proximité d'un centre hippique près de chez eux, plutôt que de développer moi-même tous ces points là, je laisserai samedi prochain la parole aux apprentis, qui à l'époque avaient répondu très franchement à toutes mes questions...