Le "Bon Père de Mattaincourt", dont la devise était: "Etre utile à tous, ne nuire à personne", Pierre Fourier fut "pasteur de son peuple", "fondateur et novateur", "éducateur et pédagogue", "homme engagé dans une société en crise", celle du début du XVIIème siècle... Le Concile de Trente venait de préciser la doctrine et les dogmes de l'Eglise catholique, la Guerre de Trente Ans venait de causer bien des dégats, la famine et la misère: la Lorraine était en pleine mutation, économique, scientifique, politique, culturelle et religieuse... C'est dans ce climat social difficile que naquit Pierre Fourier, à Mirecourt, le 30 novembre 1565, dans une Lorraine indépendante, au sein d'une famille de marchands drapiers très chrétiens. Formé dès 1578 par les Jésuites de l'Université de Pont-à-Mousson, qui disaient de lui: "Ou il prie, ou il étudie", il poursuivit là des études théologiques durant six ans. Ordonné prêtre à Trêves en 1589, il devint en 1597 le curé de Mattaincourt, village vosgien pauvre et "déchristianisé" où les paroissiens étaient davantage "préoccupés de survie que de sainteté". Il y résida 20 ans et y fonda la confrérie du Rosaire et celle de Saint Sébastien. Touché par l'injustice qui frappait les pauvres, les femmes et les enfants, il fonda avec la jeune Alix Le Clerc, en 1628, une congrégation, l’Ordre des Chanoinesses de Saint-Augustin-Notre-Dame, et il créa avec elle des écoles gratuites pour les petites filles. On dit qu'on lui devrait l'invention et l'introduction du tableau noir dans les classes. Il rénova la liturgie, remit en valeur le chant grégorien et osa même faire chanter plusieurs psaumes en patois. Il modernisa la catéchèse en faisant mimer aux enfants des scènes d'Evangile. Il créa un système d'entraide, très proche du Secours Catholique actuel, la "petite dévotionnette", comme il l'appelait, (une équipe de 5 à 6 laïcs collectaient des vivres pour les redistribuer), il mit en place des soupes populaires. Il organisa une bourse du commerce, une caisse mutuelle, la bourse Saint Epvre, pour éviter aux artisans en difficulté d’avoir à emprunter de l’argent aux usuriers. Il créa une commission d'arbitrage des "sans voix": il réunissait les familles par quartier pour réfléchir à leur situation et trouver ensemble des solutions. Comme le dirent les Soeurs de Notre Dame: "il éduqua les adultes à prendre des responsabilités avec une liberté intérieure"... Il lui arriva même d'être un "Samu Social" avant l'heure, en passant des nuits entières auprès des malades. Un jour il leur prêtait sa couverture, un autre ses draps, et même la paillasse et le bois de son lit. Un pauvre soldat, auquel, le jour de Pâques, il avait offert le repas, lui dit : “Je suis content, je prie Dieu de bon coeur, pour l’honneur de son Église, que tous les curés vous ressemblent !”... Alors que Louis XIII et le cardinal Richelieu tentaient d'annexer le duché de la Lorraine à la France, la fidélité de Pierre Fourier à son souverain légitime, le duc de Lorraine et de Bar, Charles IV, lui valut à 71 ans, en 1636, d'être expulsé. Il trouva refuge à Gray, en Franche-Comté, une possession espagnole à l'époque. Là, Pierre Fourier fit ce qu’il avait toujours fait, il employa ses dernières forces à secourir et à consoler son prochain. Mais, malgré l'adversité, exilé, il resta toujours un fervent patriote lorrain et il le fit savoir. Il mourut à Gray, à l'âge de 75 ans, le 9 décembvre 1640. Il fut béatifié le 29 janvier 1730 par le pape Benoît XIII et canonisé le 27 mai 1897 par le pape Léon XIII. Il est fêté, chaque année, le jour de sa mort, le 9 décembre. (Ces trois vieilles cartes postales m'avaient été adressées par ma grand-mère, dans les années 50, j'étais gamin. Suite à une chute qui lui avait occasionné une fracture du col du fémur, elle était alors en Maison de Repos à Mattaincourt. L'on découvre ici le pensionnat Notre Dame de Mattaincourt, le "véritable portrait du Bon Père" en la basilique de Mattaincourt et la statue de Saint Pierre Fourier sur l'île du Madon à Mattaincourt).